Véritables pionniers au Canada, les étudiants universitaires ont été les premiers à répondre à leur besoin de logement en utilisant le modèle de coopérative. En 1936, le Campus Co-operative Residence (publié en anglais seulement) a commencé à offrir des logements abordables aux étudiants de l’Université de Toronto, qui devaient normalement déménager après l’obtention de leur diplôme.
Avec ses 80 ans d’existence, la Campus Co‑op est la plus ancienne coopérative d’habitation du Canada encore en opération. Des coopératives d’habitation étudiantes se sont implantées dans plusieurs villes dans les années 1960 et 1970 lorsqu’une vague de jeunes (la génération du baby-boom) s’est inscrite à l’université. Elles n’ont cependant pas toutes survécu.
Au cours de la Grande Crise, et pendant plusieurs décennies, des coopératives de construction furent établies dans les provinces de l’Atlantique et d’autres régions du Canada. À Montréal, après la Deuxième Guerre mondiale, les coopératives étaient mises sur pied par le clergé qui était consterné par les conditions insalubres dans lesquelles vivaient les gens dans les quartiers ouvriers. Les membres d’une coopérative de construction mettaient d’abord en commun leurs ressources pour acheter des matériaux de construction, puis travaillaient ensemble à la sueur de leur front pour construire une maison à chacun d’entre eux. Dans une forme subséquente, les membres embauchaient collectivement un entrepreneur pour construire les maisons. Dans les deux cas, la coopérative était dissoute une fois que tous ses membres étaient logés. Les coopératives de construction ont rendu possible la propriété immobilière pour ceux qui ne pouvaient se le permettre autrement. Toutefois, à mesure que la réglementation sur la construction domiciliaire dans les centres urbains devenait plus complexe, cette forme de développement a été mise de côté en faveur d’un nouveau modèle : la coopérative d’habitation à possession continue.
La première coopérative d’habitation à possession continue au Canada a été la coopérative Willow Park, située à Winnipeg, laquelle a été achevée et habitée en 1966. Cette coopérative pionnière, érigée sur un terrain loué de la ville dans ce qui était alors considéré comme un quartier indésirable de la ville, a été construite grâce à diverses sources de financement, dont le vaste mouvement des coopératives ainsi que ses propres membres. La coopérative a par la suite été en mesure d’obtenir un prêt hypothécaire de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) dès qu’il a été évident que la coopérative constituait une réussite.
Au Québec, la Fédération coop-habitat du Québec a été fondée en 1968 afin de créer des coopératives d’habitation à possession continue à l’aide des fonds d’habitation provinciaux. Avant que la Fédération perde l’aide financière du gouvernement en raison de sa croissance excessive, 1 432 logements dans 13 coopératives avaient été créés.
Entre les années 1970 et 1973, à la demande de la Fondation de l’habitation coopérative du Canada, l’ancien nom de la Fédération, le gouvernement fédéral a accepté de financer plusieurs coopératives d’habitation dans différentes régions du pays en puisant dans son Fonds pour l’innovation en matière de logement. Cette mesure a ouvert la voie à l’existence aujourd’hui de centaines de coopératives d’habitation au Canada. Découvrez-en plus à la page Le mouvement prend de l’ampleur.